Le rôle crucial de la végétalisation des grandes villes pour atténuer les effets des canicules

En période de canicule, les grandes villes sont particulièrement vulnérables aux hausses de température.

Le phénomène d’îlot de chaleur urbain, où les zones urbaines sont significativement plus chaudes que leurs alentours ruraux, exacerbe cette situation. Dans ce contexte, la végétalisation des villes apparaît comme une solution efficace pour atténuer les effets de ces vagues de chaleur extrêmes. Nous verrons ici comment et pourquoi la végétalisation des espaces urbains peut jouer un rôle crucial dans la régulation des températures en milieu urbain.

Le phénomène d’îlot de chaleur urbain

Les îlots de chaleur urbains se forment principalement en raison de l’absorption et de la rétention de chaleur par les matériaux de construction comme le béton et l’asphalte. Ces matériaux emmagasinent la chaleur pendant la journée et la restituent la nuit, empêchant ainsi les températures de baisser significativement. De plus, la réduction des espaces verts et l’augmentation des surfaces imperméabilisées limitent l’évapotranspiration, un processus naturel de refroidissement.

Les avantages de la végétalisation

• Refroidissement par évapotranspiration : les plantes libèrent de l’humidité dans l’air par évapotranspiration, ce qui a un effet de refroidissement naturel. Ce processus peut abaisser la température ambiante de plusieurs degrés, rendant les environnements urbains plus supportables pendant les périodes de chaleur intense.
• Ombre et réduction de la température de surface : les arbres et les plantations fournissent de l’ombre, ce qui réduit la température des surfaces comme les trottoirs et les routes. Les surfaces ombragées peuvent être jusqu’à 20-45°C plus fraîches que les surfaces non ombragées.

• Amélioration de la qualité de l’air : la végétation urbaine aide également à filtrer les polluants de l’air, contribuant ainsi à améliorer la qualité de l’air. Un air plus pur peut également avoir un effet bénéfique sur la santé publique, en particulier pendant les épisodes de canicule.

• Réduction des coûts énergétiques : en réduisant les températures ambiantes, la végétalisation peut diminuer la demande en climatisation, entraînant des économies d’énergie substantielles pour les habitants et les entreprises.

Exemples de stratégies de végétalisation

• Création de parcs et de jardins urbains : l’aménagement de grands parcs urbains, de jardins communautaires et d’espaces verts publics peut offrir des îlots de fraîcheur accessibles à tous. Des villes comme Paris et New York ont investi massivement dans de tels espaces pour combattre les effets des canicules.

• Toitures et murs végétalisés : la végétalisation des toits et des murs des bâtiments est une autre approche efficace. Les toits verts peuvent réduire la température à la surface du toit, améliorer l’isolation thermique du bâtiment et diminuer les îlots de chaleur urbains.

• Plantation d’arbres le long des rues : l’implantation d’arbres le long des avenues et des boulevards peut créer des couloirs de fraîcheur et offrir une ombre précieuse pour les piétons. Des villes comme Melbourne et Tokyo ont mis en place des programmes ambitieux de plantation d’arbres pour améliorer leur résilience climatique.
• Espaces verts temporaires : en réponse rapide aux vagues de chaleur, certaines villes ont commencé à créer des espaces verts temporaires en utilisant des plantes en pot et des structures mobiles pour fournir des zones de rafraîchissement immédiat.

La végétalisation des grandes villes se révèle être une stratégie indispensable pour faire face aux canicules croissantes dues au changement climatique. En améliorant le microclimat urbain, en fournissant des zones de fraîcheur et en réduisant la dépendance aux systèmes de climatisation, la végétalisation offre des bénéfices écologiques, économiques et sociaux substantiels. Pour tirer pleinement parti de ces avantages, il est essentiel que les politiques urbaines intègrent de manière proactive des plans de végétalisation ambitieux et durables. La transformation verte des villes n’est plus seulement une option esthétique, mais une nécessité vitale pour le bien-être de leurs habitants et la résilience climatique globale.

A Caen, le point le plus chaud correspond à la place de la République… Avant l’éventuel centre commercial de Mr. Bruneau. 

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Crédits : Olivier Cantat
Géographe-climatologue
GIEC Normand
UMR IDEES 6266 CNRS
Université de Caen Normandie