Face aux défis environnementaux, nous demandons plus de transparence, plus de résilience et un jumelage climatique !

Caen, nous le savons tous est une ancienne Venise.

Certaines de ses rivières sont aujourd’hui enfouies mais la nappe phréatique reste toute proche à moins de 2,50 mètres en centre-ville.

La montée du niveau de la mer est en cours et va s’accélérer. Les scientifiques ne peuvent être certains du temps que cela prendra, et le niveau exact que ce soit 1m ou 1m 40 dépendra en grande partie de notre capacité collective à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs nous savons que le changement climatique va modifier le modèle même des précipitations:

• en augmentant les cumuls hivernaux
• et en réduisant les cumuls de l’été avec une plus forte probabilité sur la période estivale de précipitations intenses.

Les incertitudes ne doivent pas nous empêcher d’agir. Il est donc plus que temps de se préparer et de créer des espaces résilients.

A Caen, le conseil municipal a décidé d’un moratoire concernant les travaux de la Presqu’île en juin 2023. Les remontées de nappes phréatiques étaient particulièrement inquiétantes pour la Presqu’île et les travaux sont arrêtés jusqu’à réception des résultats de l’étude, étude qui devrait être lancée fin 2025 et dont nous devrions avoir les résultats pour 2028.

D’autres études ont aussi été menées. En particulier, l’étude Rivages Normands 2100 portée par la Région et l’Observatoire des sciences de l’environnement de Rennes, entre autres, nous fait part de résultats qui ont été présentés en mars de cette année.

Pour rappel, on y apprend que d’ici 2100 la majorité du centre-ville historique de Caen verra ses nappes phréatiques remonter à moins de 50 cm entre 50% et 70% du temps. On y apprend aussi que ce phénomène sera plus courant encore dans le centre ville que sur la presqu’île et que d’autres quartiers tel que celui de la gare et des Rives de l’Orne seront également touchés.

Ce phénomène devrait déjà toucher un tiers à la moitié du centre-ville d’ici 2030. En d’autres mots, nous ne parlons pas de l’avenir, mais bien du présent.

De plus, nous savons que les étés seront plus secs avec une nappe phréatique très basse, mais des pluies soudaines pouvant causer des inondations du fait de l’incapacité de nos sols à absorber l’eau aussi rapidement. A contrario, les hivers humides devraient voir les nappes phréatiques se gorger d’eau et ainsi causer des inondations par leurs remontées. De fait, le changement de l’amplitude du cycle saisonnier des nappes pose question quant à la résilience de nos installations souterraines, que cela soit pour le bâti ancien ou les conduits.

Par ailleurs, les remontées de nappes posent aussi la question de la résilience de notre station d’épuration d’eau, les eaux usées pouvant contaminer les nappes.

Enfin, en été, l’eau de l’Orne pourrait être plus saumâtre à cause du niveau marin, posant alors des problématiques de salinisation sur la communauté urbaine et posant entre autres difficultés, la résilience de certains arbres le long de la rivière et l’approvisionnement en eau de la commune.

Face à tout cela, Citoyens à Caen demande:

• Plus de transparence sur les décisions prises et les problématiques rencontrées. Les citoyens devraient être pleinement informés de ce qui est su quant aux lieux qu’ils habitent au quotidien.

• Un suivi hydrologique général ainsi que la conservation des piézomètres installés pour l’étude Rivages 2100 afin que nous puissions suivre l’évolution du niveau des nappes plus facilement.

• Une meilleure compréhension de ce qui est mis en place pour assurer la résilience des tuyauteries d’électricité, de gaz, de télécommunication, d’eau et d’assainissement.

• Une évaluation des besoins en eau des entreprises, des usines et des agriculteurs sur le territoire de Caen la Mer, afin que nous puissions construire un modèle équitable, qui ne prive pas d’eau les plus faibles et afin que nous puissions accompagner les uns et les autres afin que chacun ne puise que ce dont il a besoin, quitte à les aider à aller vers un modèle moins gourmand en eau aux moments les plus critiques.

• Une réflexion sur toute nouvelle construction en l’attente des résultats de l’étude en 2028 de telle manière à ce que d’ici cinq ans nous n’ayons pas à regretter les décisions prises aujourd’hui. Ceci peut éventuellement concerner les travaux du Tram ou la construction des Cascades.

• Une réflexion sur les travaux afin de ne pas bloquer l’écoulement de l’eau en cas de pluie torrentielle en été.

Nous le voyons, notre ville de Caen fait face à des défis importants du fait du déréglement climatique. A ceux déjà mentionnés ci-dessus, nous pouvons ajouter les difficultés liées aux carrières. En effet, avec l’infiltration des eaux soudaines en été, et avec l’amplitude importante des niveaux des nappes phréatiques, les carrières sont davantage susceptibles de bouger.

Le besoin d’un jumelage climatique

Que pouvons-nous faire ? De nombreuses incertitudes demeurent quant aux conséquences précises du dérèglement et quant à ce que nous pouvons faire ou ne pas faire sur ces zones fragilisées, voire même pour mieux comprendre quelles seront précisément ces zones fragiles..

Pour cela, les territoires ont besoin d’être accompagnés par des scientifiques. Chaque territoire est différent certes. Néanmoins, certaines villes se ressemblent. Ainsi, Cork en Irlande, construite sur un marécage, présente des caractéristiques similaires aux nôtres et d’autres villes en France posent des problèmes similaires de carrières.

C’est pourquoi outre les mesures demandées ci-dessus, nous pensons à Citoyens à Caen qu’il est indispensable de recenser les villes présentant des caractéristiques géographiques similaires aux nôtres et de créer un jumelage climatique afin de mieux et de plus rapidement construire notre résilience géographique en se faisant accompagner tant que possible par la communauté scientifique internationale.